Si vous avez déjà traversé la frontière suisse en voiture, vous savez à quel point les limitations de vitesse sont prises au sérieux de l’autre côté du Jura. Pourtant, beaucoup de conducteurs français l’apprennent à leurs dépens… et parfois avec stupeur en découvrant la fameuse « petite enveloppe » en provenance de Berne. Alors, quelles sont les règles suisses en matière de vitesse ? Comment sont fixées les amendes et quelles répercussions peuvent-elles avoir pour les automobilistes français ? C’est ce que nous allons démêler ici, avec vous, le plus simplement possible.
Les excès de vitesse en Suisse : une règlementation stricte (et redoutable)
Il faut le dire sans détour : la Suisse ne plaisante pas avec les limitations de vitesse. En ville, sur autoroute ou même sur les routes de montagne, les radars suisses – fixes ou embarqués – veillent au grain. Mais ce qui surprend le plus les conducteurs français, c’est la sévérité du barème des amendes. Car ici, tout va vite… sauf si vous êtes pris en excès de vitesse.
Quelques repères utiles :
- En ville : limitation généralement à 50 km/h
- Routes secondaires : 80 km/h
- Autoroutes : 120 km/h
- Voie express : 100 km/h
Un très léger dépassement peut entraîner une sanction immédiate. Au-delà d’une certaine vitesse, ce n’est plus seulement une contravention, c’est un délit routier. Et là, on change de dimension.
Le barème des amendes suisses pour excès de vitesse
Le système suisse distingue deux types de sanctions :
- L’amende d’ordre (minor offense), applicable jusqu’à un certain seuil de dépassement.
- La procédure ordinaire, qui concerne les dépassements plus graves, traités comme un délit.
Voici une idée des amendes pour un véhicule léger (tourisme) avec le dépassement toléré retiré :
Dépassement | En agglomération | Hors agglomération | Autoroute |
---|---|---|---|
1 à 5 km/h | 40 CHF (~41 €) | 40 CHF (~41 €) | 20 CHF (~21 €) |
6 à 10 km/h | 120 CHF (~123 €) | 100 CHF (~102 €) | 60 CHF (~62 €) |
11 à 15 km/h | 250 CHF (~256 €) | 160 CHF (~164 €) | 120 CHF (~123 €) |
16 à 20 km/h | Procédure ordinaire* | 240 CHF (~246 €) | 180 CHF (~185 €) |
21 km/h et plus | Procédure pénale avec possible retrait de permis et peine de prison |
* À partir de certaines vitesses, même pour les faibles dépassements, les autorités engagent une procédure judiciaire.
Le cas du « chauffard » : quand la Suisse dit stop
Il existe en Suisse la notion très dissuasive de chauffard (Raserei). Ce terme désigne des comportements extrêmement dangereux et prévoit des peines lourdes, y compris pour les étrangers. Par exemple, si vous dépassez :
- De plus de 25 km/h la vitesse limite en agglomération
- De plus de 35 km/h sur route
- De plus de 40 km/h sur autoroute
… vous êtes considéré comme un chauffard. Et là, la sanction minimale est de 1 an de retrait de permis en Suisse, assorti d’une peine de prison d’un an minimum — même avec sursis —. Cerise sur le gâteau : la confiscation du véhicule est possible.
Une anecdote ? En 2019, un Français a été contrôlé à 200 km/h sur l’autoroute entre Lausanne et Genève (limitée à 120 km/h). Verdict : retrait de permis immédiat, véhicule immobilisé, et convocation judiciaire en Suisse. Mieux vaut y réfléchir à deux fois avant de « se lâcher » au volant…
Et si vous êtes français ? Les conséquences concrètes
La loi suisse ne s’arrête pas aux frontières, surtout pour les infractions routières. Alors que risque un conducteur français ?
Première chose à savoir : la France et la Suisse échangent des informations. Grâce à un accord de coopération, les autorités helvétiques peuvent très bien retrouver l’identité d’un automobiliste français à partir de sa plaque. Ainsi, pas de surprise à recevoir une amende dans sa boîte aux lettres, même plusieurs semaines après son passage.
Ensuite, si vous pensez pouvoir laisser l’amende « sombrer dans l’oubli », attention. En Suisse, le défaut de paiement d’une amende peut entraîner :
- Des frais supplémentaires (notamment les frais d’encaissement, parfois salés)
- Un refus d’entrée sur le territoire suisse en cas de contrôle à la frontière
- Une saisie du véhicule si vous êtes contrôlé à nouveau (en cas de récidive ou de procédure pénale)
La France ne vous retirera pas de points pour une infraction commise à l’étranger (sauf exception pour certains pays de l’UE avec lesquels la coopération est plus poussée). Cependant, ne pas payer une amende suisse est un pari risqué, et pas seulement pour votre portefeuille.
Payer ou contester une amende suisse : que faire ?
Si vous recevez une amende suisse, vous avez en général deux choix : la payer ou déposer une objection (contestation). Attention, les délais sont courts, en moyenne 30 jours après réception.
Contester une amende en Suisse peut relever du parcours du combattant. Il faut formuler sa réclamation en allemand, français ou italien selon le canton, et « apporter la preuve de son bon droit ». Autrement dit : si vous n’avez pas d’éléments factuels solides, vous avez peu de chances d’obtenir gain de cause.
Dans le doute, mieux vaut payer rapidement l’amende d’ordre. De nombreux voyageurs rapportent que les autorités appliquent des pénalités lourdes en cas de retard. En plus de cela, certaines compagnies de location de voiture facturent des frais de traitement pour la transmission de vos coordonnées (entre 20 € et 50 €… pour un simple mail).
Des stages pour sensibiliser à la vitesse, en France comme en Suisse
On dit souvent que « la vitesse est grisante ». Mais en Suisse, elle est surtout synonyme de risques très concrets, voire de trajectoires de vie bouleversées. Si vous avez été sanctionné en Suisse pour un excès de vitesse, cela peut être une bonne occasion de réfléchir à sa propre conduite.
En France, les stages de récupération de points sont justement conçus pour aborder ces thématiques de fond : gestion des risques, conscience des habitudes, vitesse perçue vs vitesse réelle, etc. Et même s’ils ne permettent pas de régler directement une infraction suisse, ils permettent souvent d’éviter d’en accumuler d’autres…
À retenir avant de traverser la frontière
Partir en Suisse en voiture peut ressembler à un voyage de rêve : paysages montagneux, lacs turquoise, routes impeccables. Mais gare aux excès d’enthousiasme au volant ! Avant de franchir la frontière, quelques recommandations :
- Respectez scrupuleusement les limitations de vitesse – y compris les zones de chantier ou de tunnels
- Adaptez votre vitesse dès l’entrée en agglomération : les radars y sont très fréquents
- Ne considérez jamais qu’un faible dépassement sera ignoré : il peut coûter très cher
- Si vous avez reçu une amende : payez-la, sauf si vous avez un motif objectivement légitime pour contester
En fin de compte, ce qui pourrait n’être qu’un petit moment d’inattention peut rapidement avoir des retombées aussi lourdes sur votre permis que sur votre moral. Conduire en Suisse, c’est un peu comme skier dans les Alpes : c’est beau, mais ça demande de la maîtrise et du respect des règles. Et vous, serez-vous prêt(e) pour le prochain virage ?